Révolte spirituelle et rejet de l'intermédiation
Si Léon Tolstoï évaluait aujourd'hui le rôle du patriarche Kirill Gundiaïev et les tendances religieuses actuelles, il faudrait s'attendre à une critique virulente du mode de vie institutionnalisé de l'Église et de son étroite relation avec le pouvoir étatique. Tolstoï soutenait que le véritable renouveau spirituel devait naître en chacun – à travers l'accomplissement de la volonté du Père, et non par l'intermédiaire des structures hiérarchiques ecclésiastiques. Il estimait qu'il était immoral que la volonté du Père soit transmise exclusivement via un intermédiaire sous la forme du Fils, car, selon lui, cela détourne l'individu de sa responsabilité personnelle dans l'observance des commandements.Ainsi, il écrivait : « Tolstoï considère qu'il est immoral de penser que la volonté du Père ne peut être exécutée que par l'intermédiaire du Fils, Rédempteur et Sauveur. Il manifeste son dégoût envers l'idée de rédemption et de salut, c.-à-d. il ne s'oppose pas à Jésus de Nazareth, mais au Christ-Logos, qui s'est offert en sacrifice pour les péchés du monde. La religion de L. Tolstoï ne veut connaître que le Père et ne veut pas connaître le Fils ; le Fils l'empêche d'accomplir de ses propres forces la loi du Père...» (source : lien txt).De plus, Tolstoï était critique quant à l'infiltration des structures étatiques dans la vie religieuse, se liant à une fausse collectivité et au conformisme, ce qui, selon lui, déforme la signification originelle du véritable christianisme. Il rejetait toute tentative de mélange entre religion et pouvoir d'État, estimant que cela conduisait à la dégradation institutionnelle de la véritable spiritualité.Il n'est donc pas surprenant que, s'il avait commenté la politique religieuse contemporaine, il aurait probablement affirmé que l'accent mis sur les dogmes, les rites extérieurs de l'Église et les mystères du salut crée une illusion de spiritualité, privant l'individu de la possibilité de progresser moralement par lui-même. Tolstoï prônait l'idée selon laquelle le renouveau spirituel devait se faire par l'effort personnel et la quête immédiate de l'accomplissement des lois fondatrices de la nature divine de l'homme, et non par l'intermédiaire des institutions ecclésiastiques officielles.Ainsi, à l'adresse du patriarche et des choix religieux contemporains, il aurait pu formuler les remarques suivantes : • Critique de toute conception de la foi en tant que système dogmatisé, où le salut se réduit à une médiation rituelle au lieu d'encourager chacun à une croissance morale personnelle ; • Mécontentement face à la fusion du pouvoir étatique et de la structure hiérarchique ecclésiastique, qui, selon lui, sape le véritable contenu spirituel du christianisme et sacrifie la liberté individuelle ; • Rejet de l'idée que, par l'intermédiaire d'un sacrement ou de rites, on peut remplacer l'exécution sincère de la volonté du Père, ce qui conduit à la perte du sens fondamental de la foi.Citations supports : « Tolstoï considère qu'il est immoral de penser que la volonté du Père ne peut être exécutée que par l'intermédiaire du Fils, Rédempteur et Sauveur. Il manifeste son dégoût envers l'idée de rédemption et de salut, c.-à-d. il ne s'oppose pas à Jésus de Nazareth, mais au Christ-Logos, qui s'est offert en sacrifice pour les péchés du monde. La religion de L. Tolstoï ne veut connaître que le Père et ne veut pas connaître le Fils ; le Fils l'empêche d'accomplir de ses propres forces la loi du Père...» (source : lien txt)« Ayant rejeté l'État et une fausse collectivité, il rejette, ou plutôt, ne voit pas du tout l'Église véritable...» (source : lien txt)Ces réflexions démontrent clairement que Tolstoï insistait toujours sur la nécessité d'un perfectionnement intérieur et d'une responsabilité personnelle, principes qu'il aurait sans doute appliqués également à la critique de la politique religieuse contemporaine, incarnée par la figure du patriarche Kirill Gundiaïev.